Compte rendu de la conférence du 22 octobre 2012


Quand La route de la Poste Royale  passait par Cercles 
 de 1600 à 1750.

Rappels :
     *Mr Boissel a créé ce blog   http://clubhistoireltb.blogspot.com/       sur lequel vous trouverez toutes les informations relatives aux activités du Club.
     *La prochaine activité du Club Histoire et Patrimoine aura lieu à la salle polyvalente de La Tour Blanche Samedi 17 Novembre de 14h à 19h : Débat entre historiens et écrivains sur « les guerres de religions en Périgord »  et film « La reine Margot ».


  Environ 120 personnes ont assisté à cette soirée organisée par le Club Histoire de La Tour Blanche et des environs
G. Duverneuil commence sa conférence en précisant qu’il va essayer de répondre à quelques questions portant sur l’origine de nos voies de communications locales à travers les siècles et plus particulièrement à ce que fut « La Poste royale » de 1600 à 1750.
 Il cite ses sources et émaillera son exposé de nombreuses cartes et photos.


Quels sont les grands itinéraires de messagerie de l’Antiquité ?
La Gaule a des voies de communication (César en témoigne dans sa « Guerre des Gaules »)  par exemple l’axe Bourges- Bordeaux passant par Nexon, mais ce sont les Romains qui réaliseront un réel maillage de la Gaule pour permettre aux messagers et éventuellement aux armées de circuler, ce sera l’institution du « Cursus Publicus ».
On distingue 3 sortes de voies romaines : dallées (à l’entrée des villes), pavées ou simplement en terre damée. Ces voies empruntent, pour des raisons de sécurité au maximum les hauteurs : les pouges.
En ce qui concerne le Périgord, et en particulier la future Route postale Limoges –Bordeaux, la voie gauloise Bordeaux-Nexon sera complétée par 2 itinéraires joignant Limoges (Augustoritum),  à Périgueux (Vésuna), de même que sera crée la route reliant Vesuna (Périgueux) à Mediolanum (Saintes).
 Quelles sont les origines de la voie postale Limoges-Bordeaux ?
On a vu ci-dessus que les voies existent depuis l’époque romaine, elles seront complétées au Moyen âge par une voie reliant Limoges, Aixe et Chalus .
Jusqu’au règne de Lois XI, ce sont les moines des monastères, les étudiants des Universités et les messagers de certaines grandes villes qui portent le courrier.
Louis XI ne crée pas la Poste Royale, mais réinvente le système des relais pour des raisons stratégiques, en particulier pour connaître l’issu des combats entre Charles le Téméraire et le Duc de Lorraine son allié. En 1477, il dispose  toutes les 7 lieues (d’où les bottes du même nom) des relais pour les cavaliers portant les informations. Les rois suivants amélioreront le système, mais c’est Henri IV qui est le réel inventeur de la Poste aux lettres par l’Edit du 25 Février 1600.
Dès lors le courrier part à heure fixe, les bureaux de poste sont crées, les « chevaucheurs  du Roi » sont débarrassés de la correspondance privée et circulent de jour comme de nuit. Pour les particuliers 2 modes de transport coexistent, « l’ordinaire » suivant les chemins de la poste royale et des messagers plus lents.
Le port des lettres est payé par le destinataire
En 1672 Colbert et Louvois centralisent le service et créent la charge de « Fermier Général des Postes » permettant la perception d’un impôt indirect.
La Route Postale Bordeaux-Limoges de 1600 à 1750.
Jusqu’en 1600 le Périgord n’est traversé par aucune route postale. Seules existent à l’ouest la route Paris-Bordeaux-Espagne et à l’est la route Paris-Limoges –Toulouse. D’une part, les marchands lyonnais souhaitent une route Lyon-Limoges passant par Clermont, d’autre part les Espagnols veulent établir une liaison avec leurs possessions du nord de l’Italie passant par Bordeaux et Lyon. Ainsi naît l’Edit du 25 Février 1600 créant la route de la Poste Royale Bordeaux-Limoges.
La magnifique carte de N. Sanson  et M. Tavernier , outre sa belle iconographie, nous montre qu’elle suit ce que Jean Michel Desbordes appellera « La diagonale d’Aquitaine », partant de Limoges, passant par Esse (Aixe)… Chasseleu (Chalus)… Pontarnaud… Cercles… Alman (Allemans) … Libourne. Cet itinéraire suit la « grande Pouge Feytau « (c-à-d les points les plus hauts) et ignore Périgueux, ce qui va créer quelques problèmes. Un autre itinéraire sera ouvert passant par Périgueux en 1625 suscitant un procès de Maitres de poste  de la diagonale d’Aquitaine qu’ils gagnent en 1635, à charge de dédommager les maîtres de poste  de la route Chalus-Périgueux et d’assurer le port du courrier a Périgeux.
Le « trésor des almanachs » de A. du Pradel de 1691 recence 750 bureaux de poste mais ceux de notre région (Pontarnaud, Cercles, Le Chalard à l’entrée de Ribérac ) ne seront cités qu’en 1703. Mareuil n’est crée qu’en 1765, 15ans après le déclassement de la voie Bordeaux-Limoges. Les courriers s’échangeaient aux Potences, près de Léguillac de Cercles sur la diagonale d’Aquitaine avec les « Piétons » qui portaient ceux d’Angoulème ou de Périgueux.
Le mauvais état des routes fait déclasser cette voie en 1750, créant d’autres itinéraires, en particulier l’un d’eux passant par Périgueux.
Le relais de poste est un élément très important de l’économie rurale, générant de nombreux métiers annexes. Il comporte en moyenne une dizaine de chevaux, possède une écurie et une auberge. Le maître de poste est un notable local, éleveur, maquignon, aubergiste et aussi parfois notaire, arpenteur et accessoirement …indicateur de police !
Les porteurs du courrier sont les « piétons », (par exemple entre Angoulême, Mareuil, Les Potences et Périgueux), les cavaliers, qui galopent jour et nuit ou, les postillons, employés des maîtres de poste,  qui guident ceux qui conduisent la « brouette » (charriot portant la malle de courrier) ou plus tard, la malle-poste.
Aperçu de l’évolution des routes postales de 1750 à 1850.
Au cours de ce siècle le réseau routier se densifie, le  transport du courrier devient de plus en plus rapide et en 1829 l’arrivée du facteur rural rompt l’isolement des campagnes. Mais à partir de 1850 la construction du chemin de fer va définitivement ruiner les routes des postes.


En guise de conclusion, une anecdote racontant comment on passa du port dû par le destinataire au timbre payé par l’expéditeur !
 Un administrateur des postes anglais, remarquant que la servante de la taverne où il  prenait ses repas recevait de nombreuses lettres mais les refusait toujours, lui en demanda la raison. Celle-ci lui répondit, paraît-il : « Ce sont des lettres de mon amoureux, il me suffi de savoir qu’il pense à moi. Je n’ai pas assez d’argent pour les payer ». La réponse fit aussitôt germer dans la tête de cet administrateur efficace l’idée du port payé par l’expéditeur … sous la forme du timbre-poste !
Et Arago, en 1848, importa en France l’idée du timbre-poste.
           Claude Duverneuil.


 

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La poste Royale

« 1600-1750 : Quand la route de la poste royale Limoges Bordeaux passait par Cercles ! »

Lundi 22 Octobre à 20h30 Salle polyvalente de La Tour Blanche, Gabriel Duverneuil, animateur du Club Histoire mémoire et patrimoine de La Tour Blanche et des environs, donnera une conférence sur les 150 ans d’existence d’une route de la  poste royale reliant Limoges à Bordeaux et passant par Aixe sur Vienne, Chalus, Saint Pardoux la Rivière, Pontarneau, Cercles, l’Ambeaudie, Le Chalard (Ribérac) etc. .

  Pourquoi ce trajet a-t-il été choisi ? 
  Pourquoi a-t-il été abandonné ?
  Comment s’est mis en place le réseau de messagerie dans le  
  Périgord ? 
 Quelles traces en gardons nous dans nos villages ? 
   En s’appuyant sur les travaux récents d’historiens des communications, sur les fonds iconographiques du Musée de la Poste et des Archives Nationales et en enquêtant sur son parcours, G Duverneuil retracera la naissance et la fin de cet axe postal qui irrigua économiquement et culturellement le Nord ouest du Périgord.