Les mottes castrales de Bourzac & Grésignac

 



Les mottes castrales de Bourzac & Grésignac ( Xe-XIIIe s.)


Conférence de M. Bruno Fayolle-Lussac et Marie Palué


La sortie du 4 mai s'articulera autour du thème des fortifications de terres.

    Mises en place entre le Xe et le XIIe siècles, ces châteaux de terre, véritables ouvrages architecturés, ont revêtu plusieurs formes. De la motte proprement dite, c'est-à-dire avec un tertre central, en passant par une simple enceinte et des bâtiments emmottés.

    Après avoir replacé les mottes castrales de Bourzac et Grésignac dans leur contexte historique, au cœur de plusieurs mouvances seigneuriales, nous présenterons leur contexte topographique et morphologiques. La vie matérielle des résidents de ces châteaux sera abordée grâce aux résultats des fouilles menées sur le site de Bourzac de 1979 à 1982.

    Nous conclurons en présentant rapidement les enceintes qui sont contemporaines des mottes castrales et les emmottements, qui sont plus tardives car elles recouvrent un bâtiment antérieur.



Compte-Rendu Conférence sur l'immigration bretonne en Périgord par Sylvain Le Bail


 

L’immigration bretonne en Périgord

Par Sylvain Le Bail – 8 avril 2024


M. Le Bail est l’auteur d’une douzaine de livres, sur des thèmes variés : la Bretagne, les groupes de résistants en Dordogne, entre autres. Le sujet qu’il présente ce soir s’appuie sur son livre « Cœur de Breizh » paru en 2009 et retrace l'exode de milliers de Bretons vers l'Aquitaine.
Sa recherche démarre car il veut comprendre pourquoi ses ancêtres ont, un jour, quitté leurs terres. Pour répondre à cette question et retrouver ses racines, il a remonté le temps sur six générations en arrière.

L’exil de la paysannerie bretonne commence quelques années après la Première Guerre mondiale suite à une loi votée au début du conflit. On est en 1914, les députés décident d'un moratoire qui proroge les baux de fermage jusqu'à la fin des hostilités afin de protéger les femmes dont les maris, les pères ou les fils sont partis au combat. Mais, huit ans plus tard, les baux sont à renouveler, les prix des terres augmentent de 30 à 80%. Des milliers de paysans bretons se retrouvent sans terre et sans toit. Une vraie catastrophe sociale s’annonce.

Strasbourg, juillet 1920. C’est là, au Congrès national des Unions de syndicats agricoles que prend véritablement naissance le mouvement migratoire qui va concerner quelque 15 000 Bretons essentiellement originaires du Finistère.
Président de l’Office Central de Landernau, Hervé Hude de Guébriant, pétri de catholicisme social, s’alerte de la situation pléthorique de la main-d’œuvre agricole et peut-être plus encore de la fin prochaine du moratoire qui protège les agriculteurs jusqu’à la Saint-Michel 1921 (Le statut du fermage n’existe pas encore). François Tynévez, maire de Plabennec et un des leaders des syndicats agricoles du Finistère, suggère de son côté de « guider l’émigration » pour freiner les départs des jeunes paysans vers les villes ou l’Amérique du Nord où ils risquent « de perdre leur âme ». D’où cette idée d’encadrer une migration rurale intérieure. Cette démarche s’appuie sur l’Église qui participe grâce aux congrégations religieuses et en missionnant un prêtre, l’abbé Lanchès.

Au printemps 1921, un premier voyage de prospection est réalisé. « En juin, une quarantaine de paysans partent en éclaireurs en Dordogne. Ils sont accompagnés par François Tynévez, Pierre Le Bihan et l’abbé Lanchès (il sera remplacé plus tard par l’abbé Mevellec) qui les aident à réaliser les démarches : des baux sont finalisés. Soixante-deux familles s’inscrivent au bureau des affaires agricoles. Le premier convoi démarre le 13 juin 1921, trente-neuf familles prennent la direction du Périgord, trente-huit familles seront pourvues. Les fermiers s’installent sur quatre principaux territoires :
La Vallée de L’Isle et de la Dronne, la région de Cherval, La Tour Blanche et Villebois La Valette et enfin la région de Lanouaille et Saint Pardoux la Rivière où l’implantation ne fonctionnera pas aussi bien que dans les autres régions du fait de la réticence des locaux devant l’arrivée massive de ces « étrangers ».

Le deuxième convoi partant le 07 septembre 1921 sera un demi-échec. L’absence de vérification des candidats au départ permettra à des individus peu recommandables de se mêler aux migrants et certains propriétaires périgourdins proposeront des terres complétement épuisées aux arrivants. Cette expérience décevante aura le mérite de faire prendre conscience aux organisateurs de la nécessité d’effectuer une enquête préalable, de contrôler les propriétés proposées avant l’arrivée des fermiers, d’être présents à la signature des contrats ainsi que d’évaluer les motivations et les capacités des futurs migrants.

Le troisième convoi du 07 février 1922 sera le plus important et le plus réussi. Dix familles continuent jusqu’à Montauban et huit familles s’installent en Lot et Garonne. Cette formule fut reprise pour les quatre derniers voyages en 1922, 1923 et 1924.

A la suite de ces sept voyages successifs, environ deux cent familles se composant de près de 1500 personnes se sont établies en Dordogne, elles exploitent une surface de 10 à 12 000 hectares. Mais le nombre réel de Bretons et surtout de finistériens est bien plus élevé, les nouveaux arrivants ayant fait venir d’autres familles, de plus, le mouvement a continué jusqu’à la fin des années 30.

Compte-rendu : Marie Palué

La conférence a été suivie par une centaine de personnes, un bel engouement.


Beaucoup de questions ont été posées suite à la conférence, animé notamment par Marie Bordier notre Bretonne du village.


Et les débats ont continué bien après le rangement de la salle.




Version Anglaise: traduit par Finn Anson

Breton emigration to Perigord

Sylvain Le Bail – 8 April 2024


M. Le Bail is the author of a dozen books on varying themes : Brittany and resistance movements in Dordogne amongst others. The theme of this evening’s conference is based upon his book, ‘Cœur de Breizh’ published in 2009 retracing the exodus of thousands of Bretons towards Aquitaine. His research began as he sought to understand why his ancestors, one day, left their lands. In order to reply to this question and retrace his roots, he went back six generations.

The exile of Breton farmers began several years after the Great War as a result of a law voted at the beginning of the conflict. In 1914, the French MPs decided upon a moratorium that prorogued the land rents until the end of hostilities to protect the women whose husbands, fathers and sons had left to fight in the war. But eight years later the rents were renewed and land prices had increased by 30 to 80%. Thousands of farmers found themselves without land or a roof over their heads. A social disaster began.

In Strasbourg in July of 1920, occurred the National Congress of the Agricultural Unions and here spawned the beginning of the migratory movement that would affect 15 000 Bretons predominantly from Finistère.

The president of the Landernau central office, Hervé Hude de Guébriant, a fervent social catholic, warned of an over abundance of agricultural labour and more so of the imminent end of the moratorium that protected the farmers up until the Saint Michel on 1921 ( tenant farming did not yet exist)

François Tynévez, mayor of Plabennec and one of the leaders of the Finistère Farmers Unions suggested that the emigration should be ‘accompanied’ to slow down the departure of young farmers to the cities or North America, where they were in peril of ‘losing their souls.’ Thus the idea of organising internal rural migration. This approach was supported by the Church who participated thanks to the religious congregations, and with a mission taken on by a priest, Father Lanchès.


In the Spring of 1921, a first reconnaissance voyage happened. In June, a group of forty farmers left for Dordogne on such a mission. They were accompanied by François Tynévez, Pierre Le Bihan and Father Lanchès (he was later replaced by Father Mevellec) who helped in the process: the tenancies were agreed upon. Sixty two families registered with the Office of Agricultural Affairs. The first convoy left on 13 June 1921, thirty nine families headed for the Périgord; thirty eight families were provided for. The farmers settled in four principal territories:

The l’Isle and Dronne valleys, the area of Cherval, La Tour Blanche and Villebois

La Valette and lastly the area of Lanouaille and Saint Pardoux la Rivière where the settlement did not go as smoothly as the other regions due to the reticence of the local people to welcome this ‘massive’ arrival of strangers.

The second convoy that left on 7 September 1921 was less successful. The lack of verification of candidates before departure enabled less savoury characters to mix with the emigrants, and certain Périgourdin land-owners proposed completely wasted lands to the new-comers

This disappointing experience had the merit of waking the organisers to the necessity of effecting preliminary investigations, of controlling the land proposed before the arrival of the farmers, of being present at contract signings, and also to determine the motivation and capacity of future migrants.

The third convoy of 7 February 1922 was the most important. Ten families continued to Montauban and eight families settled in the Lot et Garonne. This procedure was used for four future voyages in 1922, 1923 and 1924.

Following seven successive voyages, around two hundred families consisting of approximately 1500 people established themselves in Dordogne and farmed between 10 and 12 000 hectares.

But the accurate number of Bretons and particularly farmers from Finistère was much larger as the new arrivals brought other families to join them; this movement continued up until the 30s.


Marie Palué